Devenue une étape liturgique incontournable en France , la profession de foi est célébrée souvent en fin de 6ème et préparée par une retraite de deux ou trois jours. Est-ce du folklore ou un véritable lieu d'évangélisation ? Fête de famille ou fête chrétienne ? Étape ultime de la catéchèse ou véritable étape d'engagement ? Et pourquoi cette « Profession de Foi » est-elle différente de la profession de foi dominicale ?
Un peu d'histoire
Pour le comprendre, faisons un retour rapide par l'Histoire.
En 1910, le Pape Pie X autorise les enfants à communier vers l'âge de 6-7 ans. Afin de maintenir un certain nombre d'années de catéchisme, on sépare alors la première communion dite « privée » célébrée en famille et la communion dite «solennelle » vers 10-11 ans célébrée devant toute la communauté chrétienne.
Dans les années 50, l'aube (le vêtement blanc), la croix et le cierge apparaissent pour relier cette « communion solennelle » à la profession de foi baptismale, remise en valeur par le Pape Pie XII, au cours de la vigile pascale. Dès 1970, la cérémonie n'est plus appelée « Communion solennelle » mais « Profession de Foi ».
Aujourd'hui, une fête enracinée dans nos traditions locales
Aujourd'hui, quelle que soit leur pratique religieuse, la Profession de Foi reste pour les parents un rite de passage "obligé", au même titre que le passage par l’Église pour le baptême, le mariage ou les funérailles. C'est aussi souvent l'occasion pour les familles de faire une grande fête : préparation des mois à l'avance, tenues appropriées, réservation d'une salle, invitation large de la famille et des amis, repas gargantuesque, photographe attitré... Le jeune est mis au centre, fêté, honoré, choyé, comblé de cadeaux.
Nous avons donc la responsabilité de rejoindre les personnes dans les valeurs auxquelles elles tiennent et de profiter de cette Profession de Foi pour montrer un visage d’Église. A nous de repérer quels en sont les enjeux : Comment peut-on y annoncer l’Évangile comme Bonne Nouvelle pour tous ? Comment permettre aux jeunes de s'engager plus loin ? Comment permettre aux familles de rencontrer le Christ ?
Quels enjeux pour le jeune qui fait sa Profession de Foi ?
Même si ce n'est surtout pas la fin de la catéchèse (car celle-ci est « proposée à tous les âges et à toutes les étapes de la vie »), cette Profession de Foi clôture les quatre années de caté.
C'est le moment pour lui de renouveler la foi de son baptême que ses parrain-marraine ont proclamé à sa place. Il se revêt alors du Christ en portant une aube blanche qui rappelle le vêtement du baptême et en portant la croix et le cierge, il dit à son tour solennellement « oui, je crois ». Il s'engage ainsi à mettre le Christ au centre de sa vie, à lui laisser de la place dans sa vie, ses futurs choix, sa prière, ses relations aux autres.
Maintenant c'est à lui de choisir s'il veut continuer sa route de croyant à la suite du Christ, de participer aux rendez-vous diocésains et locaux, et pourquoi pas de cheminer vers la confirmation.
Erine, 12 ans : « Depuis que j’ai fait ma profession de foi je me sens plus proche de Dieu. Je me sens encore plus chrétienne qu’avant. Car j’ai prouvé sans honte et sans gêne que oui je faisais partie de la famille de Dieu, que oui je croyais et que personne pourrait m’enlever la foi ! Alors je voudrais dire à tous, que la profession de foi est certainement le meilleur moment que j’ai pu vivre depuis que je fais partie de la grande famille de Dieu ».
Ludovic, 13 ans : « Depuis que j'ai fait ma profession de foi, je me sens grandi. J'ai une grande confiance en moi... j'arrive mieux à pardonner. Je partage plus, j'aide mes parents, mes amis, les gens que je ne connais pas. Je donne aussi du temps à ma soeur qui va à l'éveil à la foi, j'accompagne mon frère aux messes du caté, j'aide ma mère pour les activités de Noël au caté, ou les chants chrétiens de Noël. J'ai été chez les personnes agées afin de leur apporter la lumière de Bethléem... J'ai l'impression que Jésus est plus souvent à mes côtés. »
Quels enjeux pour la famille ?
La profession de foi est un événement festif qui permet de réunir toute la famille (bien souvent dispersée géographiquement). La célébration leur donne à voir, à entendre, à vivre une expérience d’Église. Pour certains, c'est une découverte et pour d'autres, c'est une plongée dans les souvenirs.
L'enjeu évangélique est indéniable !
C’est l’occasion pour les parrain-marraine de se questionner sur leur rôle : qu'ai je fait de mon rôle de parrain-marraine et comment ai-je accompagné mon filleul dans son cheminement ? Et où j'en suis dans ma propre foi ?
C'est l'occasion aussi pour les parents, si fiers d’entendre leur enfant témoigner à son tour de sa foi, de se laisser interpeller et de demander la confirmation pour eux-mêmes.
Kelly : « Le jour de la profession de foi de mon fils, j'ai eu la sensation de revivre ma profession de foi et de promettre à Dieu que je m'engagerai à confirmer ma foi. Ce fut une révélation, une redécouverte de ma foi et une envie de continuer.»
La profession de foi, véritable lieu de première annonce, permet aussi à d’autres jeunes, qui viennent pour la première fois dans une église, d’être touchés par la Grâce, et d’en ressortir tout autre (ce fut le cas de Nathan, 13 ans, invité à cette fête, et qui a ensuite cheminé vers le baptême).
Quels enjeux pour la communauté ?
Une responsabilité de taille est confiée à la communauté chrétienne toute entière :
- Accueillir avec bienveillance cette tradition comme un acte de piété populaire qui est une belle opportunité pour proposer le Christ.
- Témoigner par cet accueil que chacun, quel qu'il soit, est aimé par le Christ et que tous les baptisés, même éloignés de l’Église font partie de notre Église, Corps du Christ.
- Accepter de se laisser bousculer par une célébration un peu bruyante.
- Accompagner cette foi si fragile encore, exprimée à voix basse, timide, hésitante mais bien souvent forte et profonde.
- Écouter et accompagner les cris, les ruptures, les présences occasionnelles, les pierres d’attente de leur vie.
Inviter sans se lasser, et espérer… en eux et en Celui qui le premier est confiant, celui qui aime le premier.
Eh oui ! Nous sommes tous responsables !
Tout comme les néophytes dont il faut prendre soin après leur baptême en les intégrant dans une vie ecclésiale, il faut continuer à prendre soin de tous ces jeunes et ne pas hésiter à les solliciter encore et encore pour qu'ils participent à des évènements locaux ou diocésains.
Mais que peut on leur proposer ? Proposer d'aider aux temps forts de la catéchèse en leur donnant réellement une mission, animer des messes, les retraites de profession de foi, participer à la mise en scène de la passion, à des projets paroissiaux... Les idées ne manquent pas ! Et ensuite les inviter à cheminer vers la confirmation.
Au niveau diocésain, le Service Initiation Chrétienne est là aussi pour aider. Son objectif est de rejoindre les accompagnateurs de collégiens. Il est possible de le solliciter. Il propose aussi de grands temps forts comme le Festi'Collégiens pendant les vacances de Toussaint. Dès la 5ème, le Pélé cyclo est aussi un moment fort vécu chaque week end de Pentecôte et organisé par Jeunes Catho Cambrai : https://jeunes.cathocambrai.com/pelecyclo
Oui, dans notre société déchristianisée, il est important de trouver des occasions, des lieux pour annoncer le Christ, chemin de vie et de bonheur : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 5-6).
Quentin, 22 ans : «J'ai fait ma profession de foi en 2014 à Caudry et on m'a proposé ensuite de devenir animateur de ces fameuses retraites de profession de foi. Cela fait maintenant 9 ans qu'elles m'aident à prendre en charge ma foi de chrétien. En 2018 je suis allé à Taizé. Ce lieu est juste WOUAHOU car là-bas, on rencontre de merveilleuses personnes, on réfléchit sur notre foi et sur notre vie en général, nous sommes coupés de la technologie mais ouvert à la socialisation... Puis j'ai reçu la même année ma confirmation. Depuis, je continue d’être actif auprès des jeunes de ma paroisse car c'est là que je retrouve bien ma foi de chrétien.»
L'équipe du Service Initiation Chrétienne